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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

lui dit-il, qu’il doive y avoir plus d’un roi en France, et que vous serez au-dessus des lois parce que vous êtes mon frère. » Le chevalier fut mis en liberté, le Roi lui donna des défenseurs, et il gagna son procès.

Lorsqu’à l’occasion de ses domaines quelques différends s’élevoient entre lui et ses sujets, il développoit lui-même toutes les raisons contraires à ses intérêts, et se montroit en quelque sorte le défenseur de ses adversaires. Il agissoit ainsi pour dérober le poids que l’autorité royale pouvoit mettre dans la balance de la justice, et pour ôter à ses conseillers toute crainte de lui déplaire s’ils décidoient contre lui.

On a vu qu’avant de partir pour la croisade, il auroit voulu qu’on réparât tous les torts que, sous son règne, ou même sous ceux de ses prédécesseurs, des particuliers pouvoient avoir éprouvés. Ce travail n’ayant pu être terminé avant son départ, il s’en occupa plus ardemment lorsqu’il fut de retour, et que la crainte du danger n’eut plus aucune influence sur cette résolution généreuse. Les commissaires qui en étoient chargés ne trouvèrent que des injustices faites sous les règnes précédens, et qu’on ne put réparer, parce que les héritiers des opprimés n’existoient plus. Louis résolut de donner aux pauvres non-seulement ce qui avoit été mal acquis, mais ce qui même laissoit le plus léger doute sur la légitimité de la possession. Il consulta sur cet objet le pape Alexandre IV, qui lui répondit par ces belles paroles : « Nous nous réjouissons, et nous bénissons le Seigneur qui a rempli votre ame des lumières de la justice. De là vient votre courage dans la défense de la loi orthodoxe, votre fermeté dans la