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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

esprit vif et piquant, elle égayoit souvent par des saillies pleines de sel, les soucis dévorans dont Louis étoit tourmenté. Douce et familière avec les chevaliers, elle leur apprenoit, par son exemple, à supporter leurs maux avec constance.

Le Roi laissa pour défendre la Palestine le brave Geoffroy de Sargines qui, en Égypte, lui avoit donné tant de preuves de dévouement. Ce chevalier, qui étoit alors fort jeune, devint par la suite sénéchal et vice-roi de Jérusalem, et se maintint plus de trente ans contre toutes les forces des Sarrasins.

Louis partit de Syrie le 24 avril 1254. La traversée fut pénible. Près de l’île de Chypre, le vaisseau qui portoit la famille royale fut endommagé par un banc de sable. On pressoit le Roi de le quitter : il s’y refusa, quoique le danger fut réel, par la seule crainte de laisser plusieurs Français dans l’impossibilité de revenir dans leur patrie. Enfin les Croisés débarquèrent en Provence, et Louis, après tant de désastres, fut rendu à ses peuples.

Il faut revenir sur ce qui s’étoit passé dans le royaume pendant son absence.

Blanche, devenue Régente pour la seconde fois, recevoit avidement toutes les nouvelles qui arrivoient de l’armée des Croisés. Après la prise de Damiette, un des chefs écrivit à un commandeur Templier, resté en France, qu’on marchoit sur le Caire. L’évêque de Marseille, à qui la lettre fut communiquée, la répandit, et l’on crut que Louis s’étoit rendu maître de la capitale de l’Égypte. On fit des réjouissances qui furent interrompues par l’horrible nouvelle de la captivité du Roi. Le deuil succède à l’allégresse ; le Pape