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TABLEAU

expédition périlleuse. La reine Marguerite et les comtesses d’Artois et de Poitiers restèrent à Damiette, tandis que leurs époux alloient s’exposer à mille dangers.

Le sultan Meleck-Sala, sur le point de mourir, effrayé du danger que son peuple couroit, fit proposer la paix. Il offroit de rendre le royaume de Jérusalem, consentoit à ce que les Français gardassent Damiette, délivroit tous les prisonniers chrétiens, et payoit les frais de la guerre. Louis, convaincu qu’un tel traité ne seroit pas exécuté par le successeur de Meleck, rejeta ces propositions qui sembloient si avantageuses. Le Sultan mourut quelques jours après. Son fils aîné, Almoadan, étoit en Mésopotamie. On lui envoya des courriers pour le conjurer de venir défendre l’Égypte, et en l’attendant, on confia le commandement à Facardin, général expérimenté.

Cependant les Français s’avançoient sur le Caire » Le Nil les arrêta devant la ville de Masoure. Il n’étoit pas guéable dans cet endroit, et Louis perdit un temps précieux à faire construire une digue que la violence du courant, et l’armée des Sarrasins qui étoit de l’autre côté, ne permirent pas d’achever. Un Bédouin découvrit un gué moyennant cinq cents besans d’or, et le comte d’Artois conjura le Roi son frère de le laisser passer le premier avec le petit corps d’armée qu’il commandoit. Le Roi, qui connoissoit son imprudence et sa témérité n’y consentit qu’à regret, mais il exigea de lui la promesse de ne pas attaquer avant que toutes les troupes fussent réunies.

Le comte d’Artois n’eut pas plutôt passé le Nil qu’il oublia les engagemens qu’il venoit de prendre.