trouvent le Roi et l’Église. Je ne suis qu’un homme dont Dieu peut d’un souffle éteindre l’existence. Tous les événemens possibles nous sont favorables. Si nous succombons, nous sommes martyrs ; si nous sommes vainqueurs, Dieu est glorifié, et la gloire de la France augmentée. Dieu, qui prévoit tout, ne m’a pas envoyé ici en vain : il a sans doute quelque grand dessein. Combattons pour lui, il triomphera pour nous, non pour notre gloire, mais pour la sienne. »
D’une voix unanime on demande le combat : alors l’armée, presque toute portée sur des bateaux plats, se dirige vers une île qui n’étoit séparée de Damiette que par un bras du Nil, et qui étoit jointe à cette ville par un pont de bois. Louis étoit à la tête, précédé par l’oriflamme, et accompagné du légat, qui tenoit la croix. À quelque distance du rivage, il se jette dans la mer, et aborde des premiers. Les Sarrasins ne peuvent résister. Ils se retirent dans leurs retranchemens, y sont attaqués, vaincus, et prennent la fuite, sans même avoir eu le temps de brûler le pont. Dans cette victoire, où l’armée des Croisés ne perdit que très-peu de monde, Hugues de Lusignan, comte de La Marche, fut tué ; il avoit été l’un des plus dangereux perturbateurs du royaume : sa mort expia sa vie.
Les Français n’avoient remporté une victoire si facile que parce que Meleck-Sala, sultan d’Égypte, s’étoit trouvé dans l’impossibilité de se mettre à la tête des Sarrasins. Frappé d’une maladie mortelle, il n’avoit pu qu’exhorter ses soldats à se bien défendre ; mais l’absence de leur général les avoit découragés. Effrayés de la défaite qu’ils venoient d’éprouver, ils