Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

trouvent le Roi et l’Église. Je ne suis qu’un homme dont Dieu peut d’un souffle éteindre l’existence. Tous les événemens possibles nous sont favorables. Si nous succombons, nous sommes martyrs ; si nous sommes vainqueurs, Dieu est glorifié, et la gloire de la France augmentée. Dieu qui prévoit tout, ne m’a pas envoyé ici en vain : il a sans doute quelque grand dessein. Combattons pour lui, il triomphera pour nous, non pour notre gloire, mais pour la sienne. »

D’une voix unanime on demande le combat : alors l’armée, presque toute portée sur des bateaux plats, se dirige vers une île qui n’étoit séparée de Damiette que par un bras du Nil, et qui étoit jointe à cette ville par un pont de bois, Louis étoit à la tête, précédé par l’oriflamme, et accompagné du légat, qui tenoit la croix. À quelque distance du rivage, il se jette dans la mer, et aborde des premiers. Les Sarrasins ne peuvent résister. Ils se retirent dans leurs retranchemens, y sont attaqués, vaincus, et prennent la fuite, sans même avoir eu le temps de brûler le pont. Dans cette victoire, où l’armée des Croisés ne perdit que très-peu de monde, Hugues de Lusignan, comte de la Marche, fut tué : il avoit été l’un des plus dangereux perturbateurs du royaume : sa mort expia sa vie.

Les Français n’avoient remporté une victoire si facile, que parce que Meleck-Sala, sultan d’Égypte, s’étoit trouvé dans l’impossibilité de se mettre à la tête des Sarrasins. Frappé d’une maladie mortelle, il n’avoit pu qu’exhorter ses soldats à se bien défendre ; mais l’absence de leur général les avoit découragés. Effrayés de la défaite qu’ils venoient d’éprouver, ils