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TABLEAU


Lorsque ces arrangemens eurent été faits, un grand conseil fut tenu à Nicosie pour décider de quel côté se dirigeroit l’attaque. Les uns demandoient qu’on descendît à Saint-Jean-d’Acre, et qu’on marchât aussitôt sur Jérusalem. Les Hospitaliers et les Templiers appuyoient fortement cet avis téméraire. Les autres, parmi lesquels se trouvoient le roi de Chypre, très-instruit des affaires de l’Orient, pensoient qu’il falloit, à l’exemple de Jean de Brienne, faire une invasion en Égypte. Le sultan de ce pays étant maître de Jérusalem, et pouvant porter en très-peu de temps des forces considérables sur cette ville, il étoit nécessaire de le vaincre d’abord, pour s’établir ensuite solidement dans la Palestine. Louis adopta cet avis, qui étoit en effet le plus sage.

Il partit de Nicosie au mois de mai 1249, renforcé par Guillaume de Ville-Hardouin, prince d’Achaïe, qui voulut partager l’honneur de cette grande entreprise. La flotte, battue par la tempête à la vue des rivages d’Égypte, parut enfin devant Damiette. Quelques chefs demandoient qu’on ne fît la descente que lorsque plusieurs vaisseaux écartés par les vents, auroient rejoint l’armée. Louis, en habile capitaine, ne voulut pas refroidir l’ardeur de ses soldats, et ranimer par son hésitation le courage des Sarrasins qui étoient rangés en bataille sur le rivage. Il ordonna que la descente s’opérât sur-le-champ. « Nous serons invincibles, dit-il aux chefs qui l’entetouroient, si la charité chrétienne nous rend inséparables. Abordons hardiment, quelle que soit la résistance des ennemis : ne considérez point ma personne : c’est dans l’armée bien unie que se