Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

étendrons que sur quelques circonstances qu’il a omises[1].

Louis s’embarqua, le 25 août 1248, dans le port d’Aigues-Mortes. Sa flotte étoit composée de trente-huit grands vaisseaux, et d’une multitude de bâtimens de transport : deux Génois la commandoient. Des magasins considérables avoient été formés dans l’île de Chypre où régnoit Henri de Lusignan descendant des rois de Jérusalem. Ce fut vers cette île qu’on cingla, sans avoir encore des idées bien arrêtées sur le point qu’on attaqueroit. Le trajet fut heureux ; et pendant le long séjour que Louis fut obligé de faire à Nicosie, il déploya ces vertus vraiment royales qui l’avoient fait chérir en France. La discorde régnoit parmi ceux qui devoient lui servir d’auxiliaires, et sans lesquels il ne pouvoit réussir dans son entreprise : sa justice et sa bonté parvinrent à les concilier. À Chypre, les Latins et les Grecs étoient divisés, les Hospitaliers ne s’accordoient pas avec les Templiers, les Génois et les Pisans, rivaux de commerce, se faisoient une guerre continuelle : en Palestine, le roi d’Arménie prince chrétien, et le prince d’Antioche se battoient pour quelques portions de territoire, et les Sarrasins profitoient de leurs inimitiés. L’ascendant que les vertus de Louis lui donnoit sur tous ceux avec lesquels il avoit à traiter, se lit sentir à ces ennemis qui paroissoient irréconciliables : si leurs fureurs ne furent pas entièrement calmées, ils en suspendirent les effets.

  1. Nous joignons à ce tableau historique la traduction du récit officiel de cette croisade, rédigé en latin par saint Louis lui-même, et adressé aux prélats, barons et bourgeois de France. Il est daté d’Acre, août 1250.