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NOTICE

commandoit cette troupe, fut alors chargé de protéger l’arrière-garde, tandis que le maréchal alloit d’un flanc à l’autre pour empêcher les soldats effrayés de se débander. On ne respira qu’à Rodosto, place maritime, où Ville-Hardouin résolut de rallier entièrement les troupes, et de faire sa jonction avec le prince Henri.

Son premier soin fut d’envoyer un courrier à Constantinople pour annoncer que, si l’on avoit eu le malheur de perdre l’Empereur, du moins l’armée étoit sauvée. Cette ville étoit plongée dans la plus profonde terreur. Conon de Béthune y commandoit. Malgré ses efforts pour calmer les esprits, tous les Français se disposoient à fuir, et déjà une flotte vénitienne étoit prête à mettre à la voile. Les nouvelles rassurantes apportées par le courrier n’empêchèrent pas sept mille hommes en état de porter les armes de s’embarquer, et de perdre ainsi tout le fruit de leurs travaux.

Le bruit de cette réfection ne découragea pas Ville-Hardouin. De tous côtés les renforts arrivoient à Rodosto. Anseau de Courcelles, un de ses neveux, lui amena une troupe fraîche et aguerrie. Bientôt la présence du prince Henri, sur qui se fondoient toutes ses espérances, ranima le courage des plus intimidés. Outre l’armée qui lui avoit été confiée, et qui n’avoit éprouvé aucun revers, il étoit encore suivi de vingt mille Arméniens que sa politique avoit attachés à la cause des Français. Combien le prince et les généraux regrettèrent alors de ne s’être pas trouvés réunis à la bataille d’Andrinople qu’ils auroient infailliblement gagnée ! Mais, sans trop s’appesantir