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NOTICE

son arrivée en Syrie elle apprit qu’il étoit devenu empereur d’Orient, et lorsqu’elle vit Bohémond, prince d’Antioche, venir la saluer comme Impératrice ! Aussitôt elle ordonna les apprêts du départ ; mais la mort la surprit à l’instant où elle alloit monter sur la flotte. Il paroît que l’excès et le saisissement de la joie brisèrent les ressorts d’une santé fragile, depuis long-temps altérée par l’imagination la plus vive et la plus ardente. Mourant à la fleur de l’âge, comme son frère le comte Thibaut de Champagne, elle fut plus heureuse que lui, puisque avant de descendre au tombeau elle apprit les succès de l’armée des Croisés, et l’élévation extraordinaire de son époux. Lorsque la nouvelle de cette mort parvint à Baudouin, il fut plongé dans la plus profonde douleur, jura de ne pas contracter d’autres liens, et le prince Henri, son frère, fut regardé comme l’héritier présomptif de la couronne.

Cette funeste nouvelle fut apportée par une flotte arrivant de Syrie, et portant presque tous les Croisés, dont les efforts étoient inutiles dans la Terre-Sainte. Ils avoient été décidés à prendre ce parti par Pierre de Capoue, légat du Pape, qui sentoit combien il étoit important pour les croisades qu’on entreprendroit par la suite de conserver le nouvel empire. Parmi eux se trouvoient les Hospitaliers et les Templiers, chevaliers pleins d’honneur et de foi, que des ordres auxquels leur serment les obligeoit de se soumettre avoient pu seuls décider à quitter la Palestine. Baudouin les établit dans sa capitale, et ce renfort inattendu parut assurer la durée de la conquête. La suite des arrangemens qui furent faits à Cons-