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SUR VILLE-HARDOUIN

étoient devenus riches, et usèrent avec prodigalité d’une opulence promptement acquise. Le clergé latin officia dans le chœur de Sainte-Sophie, et l’Empereur fut-couronné par le légat du Pape.

Après cette cérémonie, un soin plus doux occupa le marquis de Montferrat. Son amour pour Marguerite de Hongrie, jeune veuve de l’empereur Isaac, la certitude de s’unir bientôt à elle, avoient sans doute influé sur l’espèce d’indifférence qu’il avoit montrée pour l’Empire. Il obtint le consentement de l’Empereur pour conclure ce mariage si long-temps désiré : le marquis et la princesse se trouvèrent au comble de leurs vœux ; et, après tant de souffrances, cette seconde fête plut également aux conquérans, qui n’avoient pu refuser leur intérêt aux malheurs de Marguerite, et aux Grecs, qui espéroient que cette alliance d’un de leurs vainqueurs avec la famille impériale rendroit moins pesant le joug qu’ils avoient à supporter. De concert avec sa nouvelle épouse, Montferrat demanda à l’Empereur l’autorisation d’échanger le fief considérable qui lui étoit échu en partage, contre la province de Thessalonique, plus voisine de la Hongrie, dont son beau-frère étoit roi. L’intérêt commun se trouvant conforme à son désir, cette grâce lui fut facilement accordée.

Dans tous les événemens qui précédèrent et suivirent immédiatement la prise de Constantinople, Ville-Hardouin, quoique chargé d’un commandement important, n’a point arrêté nos regards. Sa modestie l’a sans doute empêché de marquer dans ses Mémoires la part qu’il eut personnellement à cette grande conquête ; mais nous ne devons pas oublier