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NOTICE

fut donc disposé pour s’emparer de la ville. Avant de donner l’assaut, les Croisés voulurent essayer si la vue du prince Alexis n’y exciteroit pas quelque mouvement. Ils le promenèrent le long des murs, en criant aux Grecs que c’étoit le fils de leur empereur légitime ; mais cette tentative n’eut aucun succès : ceux qui détestoient le plus l’usurpateur affectoient de lui être dévoués. On lança des traits contre la galère qui portoit Alexis ; et ce ne fut pas sans danger que le prince acheva cette promenade, où, vêtu magnifiquement, il étoit entouré des principaux seigneurs français et italiens.

Les Croisés commencèrent l’attaque du côté de la mer ; Baudouin et Henri son frère, Montmorency et Ville-Hardouin, déployèrent le plus grand courage, et le port fut emporté avec une facilité qui donna les plus belles espérances. Alors les Croisés n’étant pas assez nombreux pour entourer une si grande ville, les chefs résolurent de livrer l’assaut dans deux endroits différens. Les Vénitiens, maîtres du port, furent chargés de conduire leurs vaisseaux au pied des murs, et de chercher à les franchir, chose qui paroissoit presque impossible. Les Français durent essayer par terre une attaque plus régulière. L’entreprise la plus difficile fut celle qui réussit. Les Français, repoussés avec perte, auroient été défaits si Ville-Hardouin, Montmorency et le marquis de Montferrat, chargés de la garde du camp, ne les eussent recueillis, et n’eussent fait fuir ceux qui les poursuivoient. Les Vénitiens, commandés par le doge et enflammés par sa présence, firent des prodiges : le vieillard, précédé de l’étendard de Saint-Marc, descendit le premier ; bien-