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NOTICE

pateur. Les Croisés conduisirent ensuite le prince dans les îles de Nègrepont et d’Andros, qui se soumirent avec la même facilité.

Enfin la flotte des Croisés entra dans l’Hellespont, et se dirigea hardiment sur Constantinople, dont la prise ou la résistance devoit en peu de temps décider du sort de la guerre. Ils débarquèrent près d’Abydos, ville forte du côté de l’Asie. À peine eurent-ils préparé leurs machines que la place se rendit. Le jeune Alexis y entra, mais il n’y fut pas reçu avec le même enthousiasme qu’à Corfou. Le voisinage du siége de l’Empire, où l’usurpateur sembloit déterminé à se défendre, commandoit la circonspection aux villes voisines. De là les Croisés allèrent à Saint-Étienne, célèbre abbaye qui n’étoit qu’à trois lieues de Constantinople, et qui dominoit sur cette immense capitale.

On peut se figurer l’effet que produisit cet aspect magnifique sur les Français qui, dans leur pays, n’avoient été habitués à voir que de tristes châteaux, des villes de bois et quelques églises gothiques. L’architecture grecque avoit conservé presque toute son élégance : de toutes parts s’élevoient des palais, des églises et de vastes monastères : plus de cinq cents édifices publics rappeloient toute la splendeur de l’ancienne Rome[1] : l’activité des villages voisins, les parcs, les maisons de plaisance, répandus dans la

  1. Fulcherius parle ainsi de Constantinople : O quanta civitas nobilis et decora ! quot monasteria, quotque palatia sunt in ea miro opere fabrefacta ! quot et etiam in plateis vel in vicis opera ad spectandum mirabilia ! Alberia ajoute : Et erant intrà muros urbis quingenta circiter abbatiæ, vel ecclesiæ conventuales.