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SUR VILLE-HARDOUIN

ni l’ascendant que donne un grand caractère ; et un favori méprisable étoit devenu le maître de la Cour et de l’Empire. Andronic, prince de la maison impériale, monstre d’hypocrisie et de scélératesse, qui, sous le règne précédent, avoit aspiré hautement au trône, et se trouvoit exilé, sentit aussitôt ses espérances se ranimer. Il réunit les mécontens, renversa le favori, le fit périr ainsi que l’Impératrice, s’empara du trône sous le prétexte d’y maintenir le jeune Empereur, et se débarrassa bientôt de ce rival dont il pouvoit craindre le ressentiment. Il ne montra point les talens qui peuvent seuls soutenir un usurpateur. Avancé en âge, il s’entoura de concubines et porta le scandale jusqu’à épouser la femme de celui qu’il venoit d’assassiner. C’étoit Agnès, enfant de dix ans, fille de Louis-le-Jeune et sœur de Philippe-Auguste, que nous verrons figurer dans les événemens qui se préparent. Les crimes d’Andronic, ses excès, et surtout le mépris dans lequel il tomba, le précipitèrent bientôt du trône, où il fut remplacé par Isaac l’Ange, prince allié des Comnène, moins sanguinaire que lui, mais aussi foible et aussi indigne de régner. Une multitude de révoltes éclatèrent bientôt dans l’Empire et dans la capitale : Alexis, frère d’Isaac, délivré par lui de la captivité, admis à tous ses plaisirs, partageant son autorité, le fit arrêter inopinément, le relégua dans un monastère, ordonna qu’on lui brûlât les yeux, et s’empara de l’empire. Isaac avoit un fils qui s’appeloit aussi Alexis, et qui parvint par la suite à s’échapper. Ce jeune prince se réfugia d’abord en Sicile, et demanda des secours à Irène sa sœur, femme de Philippe de Souabe, devenu depuis peu roi des Romains ;