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NOTICE

un grand nombre de Vénitiens s’enrôlèrent pour la guerre sainte.

Foulques, qui avoit prêché la croisade avec tant d’ardeur et de succès, mourut en France quelque temps avant le départ de l’armée.

Toutes les difficultés étant aplanies, la flotte fit voile pour Zara dans l’automne de 1202. À peine les Croisés furent-ils débarqués, qu’ils attaquèrent la ville avec tant de fureur que les habitans demandèrent à capituler. Déjà ils avoient envoyé des députés au camp ; mais le nombre de ceux des Français qui n’avoient pas été d’avis d’attaquer une ville chrétienne s’étant accru pendant la traversée, ces mécontens conseillèrent aux députés de ne pas perdre courage, leur faisant espérer que l’armée se dissoudroit bientôt. Il n’y eut donc rien de conclu. Alors la division augmente parmi les Croisés ; ceux qui se repentent tardivement d’être entrés dans une entreprise si périlleuse, se joignent à ceux qui se croient obligés, en conscience, à ne combattre que les Infidèles. Le clergé presque entier soutient cette dernière opinion ; et l’abbé de Vaux de Cernay, de l’ordre de Citeaux, va jusqu’à parler au nom du Pape, et à défendre aux chefs de continuer le siége.

L’armée étoit perdue si les mécontens eussent prévalu. Heureusement Ville-Hardouin et plusieurs hommes sages représentèrent qu’on étoit trop avancé pour reculer, et que l’honneur obligeoit d’exécuter les promesses qu’on avoit faites aux Vénitiens. Le siége est repris avec plus de vigueur, et la place emportée en cinq jours. La saison étant avancée, les Croisés résolurent d’y passer l’hiver. Pour éviter les