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[1205] de la conqueste

François dans la Natolie contre les Grecs, en nombre de bien vingt mil, et avoient passé le canal en mesme temps que luy avec leurs femmes et enfans, n’ayans ozé demeurer au pays. Lors la nouvelle luy vint en chemin, par les Grecs mesmes qui estoient eschappez de la deffaite, que l’empereur Baudoüin, le comte de Blois, et autres personnes de marque, y estoient demeurez prisonniers ou tuez : ce qui luy fut confirmé incontinent aprés par les nostres qui s’estoient sauvez de cette déconfiture, estoient arrivez à Rodosto, et luy mandoient qu’il se hastât, et les vint joindre le plus promptement qu’il pourroit. A quoy satisfaisant, il se mit à l’instant en campagne ; et pour aller plus viste, il fut contraint de laisser derriére les Arméniens qui estoient gens de pied, et avoient un grand attirail de chariots chargez de femmes et d’enfans, ne pouvans pas faire grande diligence, et d’ailleurs faisant son conte qu’ils viendroient aprés seurement. Et passant outre il vint loger à un bourg nommé Cartacople[1]. En ce mesme temps Anseau de Courcelles, neveu du mareschal de Champagne, qui l’avoit envoyé és quartiers de Macre, de Trajanople, et de l’abbaye de Vera[2], terres qui luy avoient esté assignées pour son partage de la conqueste, venoit au camp d’Andrinople au secours de l’Empereur, avec ceux qui estoient partis de Philippople envoyez par Renier de Trit, en nombre de bien cent chevaliers, et d’environ cinq cens chevaux-legers.

  1. Cartacople, bourg de la province de Rhodope.
  2. Macre, Trajanpople, Vera, villes de Thrace : la première étoit située près de l’embouchure de la Marizza. L’abbaye de Vera étoit un fort château situé près de Macre.