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[1204] de la conqueste

ceux de dedans soustinrent fort vaillamment ; et estans sortis sur eux par une des portes, en mirent non seulement à mort un grand nombre, mais aussi, poursuivans les autres plus d’une lieuë, en tuérent encore plusieurs, et gagnérent force chevaux et autre butin, retournans à la ville glorieux d’avoir remporté ces avantages sur leurs ennemis. Ils donnérent avis à l’instant de cétte victoire à l’empereur Baudoüin qui estoit à Constantinople, lequel en fut fort réjoüy. Neantmoins, n’ozans pas tenir plus long-temps Arcadiople, ils en sortirent dés le lendemain, et l’abandonnérent pour se retirer à Tzurulum, où encores ils ne se tinrent pas bien assûrez, pour la crainte qu’ils avoient autant de ceux de la ville que de ceux de dehors, qui tous avoient juré et promis au roy des Bulgares de les luy livrer : de maniére que plusieurs n’ozérent s’y arréter, et s’en retournérent droit à Constantinople.

180. Alors l’empereur Baudoüin, voyant que tout le pays se revoltoit, prit conseil du duc de Venise et du comte de Blois, qui furent d’avis qu’il devoit rappeller son frere qui estoit à Atramyttiun, qu’il ne devoit faire difficulté d’abandonner pour venir en toute diligence à son secours avec ce qu’il pourroit avoir de troupes. Le comte de Blois d’autre costé envoya ordre à Payen d’Orleans et à Pierre de Braiecuel qui estoient à Lopadium, et aux gens de guerre qu’ils avoient avec eux, de delaisser toutes leurs conquestes, à la reserve de Piga, qui estoit une place assise sur la mer, et mesmes qu’ils y laissassent le moins de gens qu’ils pourroient, à ce que le reste en plus grand nombre vint le secourir. L’Empereur