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NOTICE

seau de Courcelles, fut mère d’un seigneur qui se distingua par la suite sur les traces de son oncle.

Geoffroy de Ville-Hardouin succéda, vers l’année 1180, à la charge de maréchal qu’avoit possédée son père. Henri II étoit alors comte de Champagne. Après s’être vainement ligué avec le comte de Flandre contre Philippe-Auguste, il étoit parti pour la Terre-Sainte, en laissant le gouvernement de ses comtés de Champagne et de Brie à son jeune frère Thibaut, qui dut lui succéder s’il mouroit dans le voyage. Thibaut, à peine âgé de quinze ans, venoit d’épouser Blanche de Navarre. Les qualités précoces et très-brillantes de ce jeune prince n’empêchèrent pas qu’une espèce de régence, composée des principaux seigneurs de Champagne et de Brie, ne gouvernât ces provinces en son nom. Le maréchal Geoffroy de Ville-Hardouin et le sénéchal Geoffroy de Joinville, oncle de celui qui suivit saint Louis en Égypte, en furent les chefs. Avant le départ de Philippe-Auguste pour la croisade, ils lui jurèrent que Thibaut ne suivroit pas l’exemple de son frère, et serviroit fidèlement la couronne de France. Leur présence étant absolument nécessaire dans les deux fiefs, ce motif seul les empêcha d’aller partager la gloire et les dangers de leur roi et de leur seigneur.

Henri, qui avoit précédé en Syrie Philippe et Richard, ne put étouffer ses anciens ressentimens, et retomba dans la même faute qu’il avoit déjà commise. Lorsque les rois de France et d’Angleterre se furent réunis sous les murs de Saint-Jean-d’Acre, la mort de la reine de Jérusalem et de ses enfans mit la division entre eux : ils se disputèrent pour donner un