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[1203] de la conqueste

convenu avec nous, et qu’il s’est obligé d’observer, tant par serment que par ses patentes deuëment seellées de son sceau, et de celui du roi Philippes d’Allemagne vostre gendre : nous desirons pareillement que vous ayez à ratifier et confirmer ces conventions.

98. « Certes, répond l’Empereur, ces traitez sont de haute consequence, et ne vois pas comme on les puisse accomplir ; toutefois vous avez tant fait, et pour moy et pour luy, que quand on vous donneroit tout l’Empire, vous l’avez bien merité. » Il y eut encor d’autres propos tenus de part et d’autre, dont la fin fut que le prince ratifieroit les conventions de son fils, en la propre forme qu’il les avoit faites, par serment et par ses bulles d’or, lesquelles furent délivrées à l’instant aux ambassadeurs. Et là dessus ils prirent congé de l’empereur Isaac, et s’en retournérent au camp, où ils firent entendre aux barons ce qu’ils avoient negotié.

99. Aprés quoy ils montérent tous à cheval, et amenérent le prince avec grand cortége dans la ville à l’Empereur son pere. Les Grecs leur ouvrirent la porte, et reçeurent d’une merveilleuse allegresse leur jeune seigneur. La joye que le pere et le fils témoignérent, et l’accueil qu’ils s’entrefirent en cét abord, ne se peut exprimer, veu le temps qu’il y avoit qu’ils ne s’estoient veus, et que d’une telle pauvreté et misere de l’un, et d’un si long exil de l’autre, ils estoient derechef, contre toute espérance, rentrez en la dignité imperiale par la grace de Dieu, et par l’ayde et secours des pelerins. Ainsi la réjoüyssance fut grande, tant en la ville pour le recouvrement de leur legi-