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[1203] de la conqueste

89. A cette porte au-dessus du palais de Blaquerne, par où les Grecs faisoient le plus ordinairement leurs sorties, Pierre de Graiel y fit mieux que pas un autre, parce qu’il estoit en un poste plus avancé, et ainsi estoit plus souvent dans les occasions. Ce peril et travail dura prés de dix jours, tant qu’un jeudy matin toutes choses furent disposées pour donner l’assaut, et les échelles dressées. Les Venitiens s’aprétérent pareillement du costé de la mer : et fut arresté que des sept batailles les trois demeureroient à la garde du camp par dehors pendant que les quatre autres iroient à l’assaut. Le marquis de Montferrat eut la charge de garder le camp du costé de la campagne, avec la bataille des Champenois et des Bourguignons, et Mathieu de Montmorency : et le comte Baudoüin de Flandres avec ses gens, Henry son frere, le comte Louys de Blois, le comte de Saint Paul et leurs trouppes allérent à l’assaut, et dressérent leurs échelles à un avant-mur qui estoit fortement garny d’Anglois et de Danois[1], où ils donnérent une rude attaque : quelques chevaliers montans sur les échelles avec deux hommes de pied gagnérent le mur jusques au nombre de quinze, et y combatirent quelque temps main à main, à coup de hâches et d’espées ; mais ceux de dedans reprenans vigueur les rechassérent vigoureusement, et prirent deux prisonniers qu’ils conduisirent sur le champ à l’empereur Alexis, lequel en témoigna beaucoup de joye. Ainsi cét assaut demeura sans effet, y ayant eu nombre de blessez et de navrez de la part

  1. D’Anglois et de Danois. Ces troupes étrangères à la solde des empereurs grecs composoient leur garde ; elles s’appeloient Varangues ou Barangues.