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[1203] de la conqueste

nombre de mangoneaux, et autres machines propres à lançer pierres, et ordonnérent fort bien leurs assauts, comme firent aussi les barons du costé de terre avec leurs perieres et mangoneaux, où à peine ils avoient le temps de reposer, n’y ayant heure de jour ny de nuit qu’il n’y eût l’une des batailles toute armée en garde devant la porte pour garder les machines, et veiller aux sorties : nonobstant quoy ceux de la ville ne laissoient d’en faire souvent par cette mesme porte et les autres : ce qui les tenoit si serrez, que plus de six fois en un jour tout le camp estoit obligé de prendre les armes, et qu’ils n’avoient la liberté d’aller fourrager et chercher des vivres quatre jets d’arc au delà du camp, en ayans fort peu et estans mal pourveus, horsmis de quelques farines dont ils avoient fait provision, ayant pareillement peu de chair salée et de sel, et point du tout de chair fraische, hors celle des chevaux qu’on leur tuoit. Bref, tout le camp n’avoit pas des vivres pour trois semaines ; et d’ailleurs ils estoient en grand peril, veu que jamais tant de gens ne furent assiegez en une ville par un si petit nombre.

87. Alors ils s’aviserent d’une chose bien utile, qui estoit de fermer le camp de bonnes barriéres et palissades : au moyen de quoy ils se fortifiérent, et furent à l’avenir en plus grande assurance. Toutefois cela m’empécha pas que les Grecs ne continuassent leurs sorties, et ne vinssent souvent attaquer le camp, sans leur donner le temps de se reposer ; mais les nostres les repoussoient vertement, les Grecs y perdans tousjours quelques-uns des leurs.

88. Un jour les Bourguignons estans de garde, les