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[1202] de la conqueste

Citeaux leur en montroient le chemin : car l’abbé de Los, qui estoit un sainct personnage et homme de bien, et les autres abbez qui tenoient son party, alloient par le camp, prians à mains jointes que, pour l’amour de Dieu, ils ne se separassent les uns des autres, et ne se divisassent, mais qu’ils acceptassent les avantages qui leur estoient offerts, estant l’unique moyen pour recouvrer la Terre Sainte. L’abbé de Vaux au contraire, et ceux qui estoient de sa faction, y contredisoient formellement, alleguans que le tout ne pouvoit que succeder mal, et qu’il estoit bien plus à propos d’aller droit en Syrie, et que là ils y feroient ce qu’ils pourroient.

49. Le marquis de Montferrat, et les comtes de Flandres, de Blois et de Saint Paul, avec ceux qui estoient de leur party, vinrent alors, et dirent qu’ils estoient resolus d’accepter ces conventions, et qu’ils ne les pouvoient refuser sans encourir du blâme. Et de ce pas s’en allerent trouver le Duc, où les ambassadeurs furent mandez, lesquels arrestérent les articles, tels qu’ils ont esté rapportez cy-dessus, et les confirmérent par sermens aux noms de leurs maistres, et par patentes seellées de leurs seaux. Mais de la part des François, il n’y en eut que douze qui les jurérent, sans qu’il s’en peut trouver davantage.

50. Entre ceux-là furent le marquis de Montferrat, le comte Baudoüin de Flandres, le comte Louys de Blois, et le comte Hugues de Saint Paul, avec huict des principaux de leur party. Ainsi les traitez furent passez, les patentes expediées et le jour pris que le prince de Constantinople les viendroit trouver, qui fut à la quinzaine d’aprés Pasques.