Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
[1202] de la conqueste

zaine aprés, les ambassadeurs du roy Philippes et du prince de Constantinople estans retournez d’Allemagne, les barons et le Duc s’assemblerent dans le palais auquel le Duc avoit pris son logement ; où les ambassadeurs estans arrivez parlérent en cette sorte : « Seigneurs, le roy Philippes et le prince de Constantinople, lequel est frere de sa femme, nous ont deputé vers vous de la part du Roy.

46. « Nous avons charge de vous dire qu’il consignera le jeune prince son beau-frere en la main de Dieu (qui le veüille garder de mort et peril) et les vostres, et de vous representer que, comme vous entreprenez les longs et fâcheux voyages pour l’amour de Dieu, et pour maintenir le droit et la justice, vous devez reintegrer en leurs biens, entant qu’en vous est et que vous le pouvez, ceux qu’on a deshérité à tort. Que si vous secourez ce prince il vous fera le plus avantageux traité qui jamais ait esté accordé à pas un autre, et vous promet un secours tres considerable pour la conqueste de la Terre Sainte. Premierement, si Dieu permet que vous le restablissiez dans ses Estats et dans son heritage, il remettra tout l’empire d’Orient à l’obeïssance de l’Eglise Romaine, dont il est separé dés long-temps. En second lieu, pource qu’il sçait que vous avez jusques icy beaucoup employé du vostre en cette entreprise, et que vous estes incommodez, il promet vous donner deux cens mille marcs d’argent, et des vivres pour tous ceux de vostre camp, tant grands que petits : luy-même vous accompagnera en personne et ira avec vous dans l’Egypte ; ou, si vous croyez qu’il vous soit