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[1202] de la conqueste

secourir en nostre entreprise de la conqueste d’outre-mer, nous luy aiderons reciproquement à reprendre ses Estats, que nous sçavons luy avoir été usurpez et à son pere. » Ainsi furent envoyez des ambassadeurs en Allemagne vers le prince de Constantinople[1], et le roy Philippes d’Allemagne.

37. Peu auparavant ce que nous venons de raconter, vint une nouvelle en l’armée qui affligea sensiblement les barons et les autres, que messire Fouques, ce saint homme qui avoit premierement préché la croisade, estoit decedé.

38. Qu’incontinent aprés cette aventure un renfort leur arriva de fort braves gens d’Allemagne, dont ils furent fort réjoüis. Entre autres s’y trouvérent l’evesque d’Halberstat, Berthold comte de Catzenelbogen, Garnier de Borlande, Thierry de Los, Henry Dorme, Thierry de Diest, Roger Desnitre, Alexandre de Villers, Ulric de Tone, et autres. On departit ensuitte les navires et les palandries aux barons, qui furent chargées d’armes et de toute sorte de provisions, et de pelerins, tant de cheval que de pied, dont les escuz furent rangez le long des bords des navires, et les bannieres, qui estoient en grand nombre, placées aux hunes et chasteaux de pouppe. On les chargea en outre de plusieurs perrieres et mangoneaux[2].

  1. Vers le prince de Constantinople : Le texte de Ville-Hardouin porte al valet de Constantinople. Le mot valet signifioit un enfant, un jeune homme qui n’avoit pas encore acquis l’usage des armes.
  2. Perrieres et mangoneaux : Perriere ou pierrier, machine dont on se servoit pour jeter des pierres à l’ennemi. C’étoit une longue poutre retenue par un contre-poids, qui, étant lâchée, lançoit des pierres énormes dans les villes assiégées. Mangoneau, machine qui servoit aussi à jeter des pierres, du grec μάγγανον, machine, ou du latin mangonium, artifice.