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[1201] de la conqueste

l’entreprise d’outremer par le decés de nostre maistre ; c’est pourquoy nous venons icy à dessein de vous prier au nom de Dieu de prendre la croix, et de vouloir secourir la Terre-Sainte. Nous vous promettons de vous faire delivrer tout l’argent qu’il avoit amassé pour cette entreprise, et vous jurerons, et le ferons ainsi jurer aux autres sur les saincts Evangiles, de vous obeïr et servir de bonne foy, comme nous aurions fait sa personne. » Mais il le refusa nettement ; et peut-être qu’il eust peu mieux faire. Ensuitte Geoffroy de Joinville eut charge des autres deputez d’aller vers Thibaut, comte de Bar-le-Duc, cousin du defunt comte de Champagne, lequel pareillement s’en excusa : ce qui redoubla l’affliction des pelerins et de ceux qui avoient pris la croix pour le service de Dieu, mais particulierement leur augmenta le regret qu’ils avoient de la perte du comte Thibaut leur seigneur. Sur quoy ils deliberérent de s’assembler à la fin du mois en la ville de Soissons, pour aviser à ce qu’ils auroient à faire. Ceux qui s’y trouverent furent Baudoüin, comte de Flandres, Louys, comte de Blois, Hugues, comte de Saint Paul, Geoffroy, comte du Perche, et grand nombre d’autres seigneurs.

21. Là le mareschal prit la parole, et leur fit entendre l’offre qu’ils avoient faite au duc de Bourgongne et au comte de Bar-le-Duc, et comme ils les en avoient refusez ; puis leur dit : « Seigneurs, je serois d’avis d’une chose si vous le trouvez bon : le marquis Boniface de Montferrat est, comme châcun sçait, un prince fort genereux, et des plus experimentez au faict de la guerre qui soit pour le jour-