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[1199] DE LA CONQUESTE

procureroient le service de Dieu dans l’armée d’outremer par l’espace d’un an : telles, qu’ils auroient pleniere absolution de tous les pechez qu’ils auroient commis, et dont ils se seroient deuëment confessez. Et d’autant que ces indulgences estoient grandes, plusieurs se sentirent touchez dans leurs cœurs, et poussez de devotion à prendre la croix.

2. [an 1199.] L’année d’après que Foulques eut ainsi publié la croisade, il y eut un tournoy en Champagne à un chasteau nommé Escriz[1] où Thibaut, comte de Champagne et de Brie, prit la croix, ensemble Louys, comte de Blois et de Chartres ; et ce fut à l’entrée des Advents. Or le comte Thibaut estoit un jeune seigneur qui à peine avoit atteint l’âge de vingt-deux ans, et le comte Louys n’en avoit pas plus de vingt-sept. Ces deux comtes étoient neveux et cousins germains du roy de France d’une part, et neveux du roy d’Angleterre d’autre.

3. Avec ces deux comtes se croisérent deux grands barons de France, Simon de Montfort[2], et Renaud de Montmirail : en sorte que la renommée en fut grande par tout, quand ces deux seigneurs furent croisez.

4. En la terre du comte de Champagne se croiserent pareillement Regnier, evesque de Troyes, Gautier, comte de Brienne, Geoffroy de Joinville, seneschal de Champagne, Robert son frere, Gautier de Vignorry, Gautier de Montbeliard, Eustache de Con-

  1. Escriz, Aicris ou Escry : ce château étoit situé sur l’Aisne, près de Château-Porcien.
  2. Simon de Montfort : le même qui figura depuis dans la guerre contre les Albigeois.