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RABELAIS

Gaulloys » ; et il termine ainsi en attribuant audacieusement à son nouveau d«fenseur toute la res|>onsal)ilité de son (l’uvrc : « Au sur[)lus vous ]»rometlant, (ur ceulx qui |)ar niov scM-onl l’cMcoutrez con^ralulans de ces joiciilx cscriplz, lous je adjurci’ay, (»iis en sçavoir iivr total... pai" vostre exliorlation laul honorable m’avez donné et courai^c et invention : et sans vous m’estoit le cueur failly, et restoit tarie la fontaine de mes esprits aniniaulx. »

Des [loursuitcs ordonnées pai’ le parlement sus|)(’n(lireiil nionientanémenl la vente de Touvraiie, qui néainnoins reprit bientôt son cours, mais les incertitudes et les obscurités qui avaient envelopj)é le berceau de Rabelais s’épaississent de nouveau autour de sa tombe. Sa mori paraît toutefois devoir être rapportée à l’année loo’J ; quant au lieu d(> sa sépulture, le plus sage semble de s’en tenir à l’opinion de Gollelet, qui termine ainsi sa bioiirapbie : « Il mourut non [loint à Meudon, comme l’a dit Scévole de Sainte-Marthe et comme la plus part des escrivains le croyent, mais à Paris, en la rue des Jardins, sur la |»aroisse de Saint-Paul, au cymetierre duquel il fut enferré, et proche dun grand arbre, que l’on voyait encore il v a (jnel(|ues années. »

Les commentateurs. — Rabelais est un jLirand satiri(pie ; il se moque de tous, sans même épargner ses lecteurs : (bms un dizain qui précède Grirr/antua, il leur dit : Vray est qu"icy peu de perfection

Vous apprendrez, si non en cas de rire,

puis, le feuillet tourné, q prologe de VauteurXowY promet « doctrine. .. absconce, lacjuelle... révélera de treshaultz sacremens et mystères horrificques, tant en ce qui concerne nostre religion, que aussi Testât politicq et vie œconomicque ». Chacun, suivant son tempérament et sa tournure d’esprit, s’est exclusivement attaché à l’une de ces deux déclarations contradictoires : les uns n’ont voulu voir dans Rabelais qu’un bouffon vulgaire, et se sont contentés de s’amuser de son livre, sans en approfondir les doctrines ; les autres ont [)ris au sérieux, et même au tragique, la parabole du chien qui trouve un « os medullare » et, après plus de trois cents ans, ils le sucent encore.