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catifs présents (sedeiz). Ons de son côté se substitue à la désinence régulière des subjonctifs du type chantiens {cantemus), quelque temps en usage.

Les parfaits latins tels que reddidi, perdidi, avaient dans le français primitif un paradigme spécial, dont les formes sont rendi, rendies, rendiet, rendierent ; elles remontaient aux formes de dedi, conservées dans ses composés comme reddidi, vendidi, qui s’étaient étendues à une vingtaine d’autres verbes[1]. Au début du XIIIe siècle ces parfaits sont fondus avec les parfaits du type de parti, partis.

Mêmes simplifications analogiques dans d’autres types de parfaits : dans vidisti, le d était caduc : de là une forme veïs, et pour la même raison veimes, veistes au pluriel ; au contraire suivant les lois phonétiques le s de misisti subsiste. D’où le vieux français mesis, mesimes, mesistes. Dès le commencement du XIIIe siècle, l’assimilation, qui avait commencé par le verbe faire, est presque complète : Je pris, tu presis, il prist, nous presimes, vous presistes, ils pristrent est abandonné pour tu preis, nous preimes, vous preistes, ils prirent. Et ainsi pour les autres verbes analogues : je di, tu desis ; jusqu’au jour où une nouvelle influence analogique plus forte encore s’exerçant, ce nouveau type disparaîtra à son tour, pour se fondre, comme le précédent, dans les parfaits du type de je parti, tu partis, dont toutes les personnes sont uniformément accentuées sur la flexion et le radical immobile.

Et il serait facile d’accumuler ici des exemples analogues qui montreraient l’abandon progressif, du XIIIe au XIVe siècle, des formes régulières que le jeu normal des lois phonétiques avait données au français primitif, et que l’analogie éteignit avant que le français eût achevé seulement la première période de sa vie. Néanmoins, même au seuil du XIVe siècle, les formes du vieux français sont encore à une distance immense des nôtres, à plus forte raison en diffèrent-elles, si on les considère dans l’extrême complexité qu’elles ont eue dans les trois siècles précédents.

  1. Conjuguez de cette façon descendre, fendre, fondre, pendre, pondre, et leurs composés rendre, vendre, battre et ses composés, rompre, vivre, soldre, et même quelques verbes en ir : resplendir, reverlir, porsevir.