Page:Petit de Julleville - Histoire de la langue et de la littérature française, t. 2, 1896.djvu/293

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE VI

L’HISTORIOGRAPHIE[1]


Historiens et Chroniqueurs. — Paimi les écrits historiques que le moyen âge nous a laissés, il faut distinguer «l’abord les « histoires » et les « chroniques ». Qui s’applique à faire connaître le passé lointain, d’après les témoins disparus de c(^ passé ou d’après la tradition, est un historien. L<’ cinoniqueur raconte son temps, les spectacles qu’il a eus sous les yeux, les événements qu’il a vécus ^

Tous ceux qui ont essayé, au moyen âge, d’écrire l’histoire d’après les sources n’ont composé que des ouvrages médiocres. Mais comment s’en étonner? Ils se sont heurtés aux difficultés que rencontrent les historiens modernes, sans être aussi bien armés pour les résouche. Sans instruments l)il)liographiques, sans textes dignes de foi, dépourvus, d’ailleurs, pour la pluparl, •l’expérience et de critique ", ils se sont nécessairement con- .

. Froissarl entendait aulronienl lu disLinclion entre la « chronique » ol I’ « histoire >-. Le chroniqueur raconte les événements, l’historien en expose les causes (cf. ci-dessous, p. 321, n. 3). — On a confondu, d’autre part, les " chroniques » avec les « annales » quand on a caractérisé la chronique en disant : ’< C’est toujours une sorte de casier chronologique dans lequel l’auteur s’est donné la tâche de faire entrer dos notices généralement empruntées à d’autres chroniques ou à des documents d’archives. >- (Le Correspondant, U) janv. 189îi. 1». m.) A ce compte, ni Villeiiardouin, ni Joinville. ni Froissart, ne seraient des chroniqueurs.

. Voir B. Lasch, Das Erwachcn und die Enlwickelung der historischen Kn’ll/,hn Millelalter [du vi" an xii" siècle], Breslau, 1887 ; et C. Rinaudo, Gli studi slorici nel medio evo, Turin, 1883.

  1. Par M. Ch.-V. Lnnglois, docteur ès lettre, chargé de cours à la Faculté des Lettres de Paris.