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CHAPITRE V

SERMONNAIRES ET TRADUCTEURS[1]


L’éloquence religieuse n’occupe dans l’histoire de la littérature française au moyen âge qu’une très petite place, non pas, certes, faute de prédicateurs, faute de talent, faute de g^énit^ inème. Mais les milliers de sermons, venus jusqu’à nous, sont tous, ou presque tous, rédigés dans la langue de l’Eglise, le latin. Il faut en arriver jusqu’à la fin du xiv" siècle, jusqu’à Gerson, |)0ur rencontrer une série de discours, attribués à un orateur connu, prononcés en français, écrits en français. La forme, <lonc, fait défaut. Le fond lui-même n’est pas cf^ «[u’il aurait pu être. Ne cherchez pas dans cet immense amas de sermons l’éloquence forte et jeune, simple et vibrante, austère^ et illettrée, que semble promettre une Chanson de Roland ; n’y cherchez pas l’éloquence d’un Pierre l’Ermite, d’un saint Bernard, d’un Foulques de Neuilly, soulevant tout un peuple et le précipitant sur l’Orient ; vous n’y trouveriez ni le mysticisme d’un saint François d’Assise, ni celui d’une Imitation de Jésus-Christ. Rien de tout cela. Les [)rédicateurs du moyen âge sont, pour la plupart, de grands théologiens, mais de petits orateurs. L’éloquence chez eux est étoufTée par la scolastique. Les sermons du xn siècle sont savants et froids, remplis d’allégories^ forcées et de subtilités puériles ; ils ont été composés |>our d’au- . Piir M. Arthur Playet, professeur à la Faculté des Lettre ?; de Neiichâtcl.

  1. Par M. Arthur Piagel, professeur à la Faculté des Lettres de Neuchàtel.