seulement après l’avoir « boutée du pied, cop ça, cop la » et l’avoir vue insensible à ses coups :
Cele qui ne voit ne n’ot goute
Et qui n’ai esperit de vie,
Ne se muet, ne brait, ne ne crie.
Li lous la vire et la revire[1].
N’est-elle pas de même des plus amusantes, cette histoire du geai qui s’est vêtu des plumes d’un paon ?
Ses compaignons de son lignaige
Ne doigne voir per son outraige…
Des paons suet la compaignie[2].
Ceux-ci reconnaissent sa folie :
Chescuns s’an truffe et s’an eschigne :
« Di nous, font il, es tu trovee
Ceste robe, ou se l’as amblee[3]. »
Et tous de courir sur lui et de le chasser après l’avoir dépouillé.
Il n’ose revenir auprès des siens ; il les fuit pour « covrir sa
honte » ; mais ils l’ont bientôt découvert et se moquent de lui :
Mes sires li paons, ce dient,
Per cortoisie quar nos dites,
De vostre robe que feistes ?
A menestrier l’avez donee,
Espoir, por vostre renommee. »
Li autre dit : « Mais l’a juhie
Li compains per sa druerie. »
L’autre dit : « Mais est en la perche ;
Se tu ne m’an croi, si l’encerche.
Il en veut faire paremant
Es bons jours por desguisemant[4]. »
- ↑ Celle-ci qui ne voit ni n’entend goutte — et qui n’a souffle de vie, — ne se meut, ne brait, ni ne crie. — Le loup la tourne et retourne.
- ↑ Ses compagnons de son lignage — il ne daigne voir par sa présomption. — Des paons il suit la compagnie.
- ↑ Chacun s’en moque et s’en raille : — « Dis-nous, font-ils, as-tu trouvé — cette robe ou l’as-tu volée ? »
- ↑ Messire le paon, disent-ils, — par courtoisie dites-nous — de votre robe ce que vous fîtes. — À un ménétrier vous l’avez donnée — peut-être pour votre renommée. — L’autre dit : Mais il l’a jouée, — le compagnon, par galanterie. — L’autre dit : Mais elle est à la perche, — si tu ne m’en crois, va l’y voir. — Il en veut faire un ornement — qui aux bons jours lui servira de déguisement.