Page:Petit de Julleville - Histoire de la langue et de la littérature française, t. 2, 1896.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
DEUXIEME PARTIE DU ROMAN DE LA ROSE

Cil[1] jura que droit lour tendroit
Et que lour loges[2] desfendroit,
Se chascuns endroit[3] soi lui livre
Des biens dont il se puisse vivre.
Ainsi l’ont entre eus acordé.

Mais il arriva un temps où cet unique gardien ne put à lui seul résister aux voleurs devenus trop nombreux :

Lors restut[4] le pueple assembler,
Et chascun endroit soi tailler,
Pour serjenz au prince bailler[5].
Comunement lors se taillerent
Treüz[6] et rentes[7] li baillerent
Et donerent granz tenemenz[8].
De la vint li comencemenz
As rois, as princes terriens.

Le poète revient à la première Métamorphose, qu’il avait quittée pour exposer sa théorie sur l’origine des pouvoirs publics, et continue la description de l’âge de fer (v. 9531-9696).

Aujourd’hui les femmes se vendent, aussi bien les nobles corps que les autres, aussi l’amant doit-il se tenir en garde contre elles. C’est pourquoi son ami lui recommande une série de préceptes, la plupart empruntés à l’Art d’aimer d’Ovide, sur la manière de n’être pas trompés par les femmes et de les tromper (v. 9697-10031).

Ce discours d’Ami ramène à l’amant Doux-Penser et Doux-Parler, mais non pas Doux-Regard.

L’amant se dirige vers le chemin de Trop-Donner, mais Richesse lui en refuse l’entrée, parce qu’il n’est pas son ami. Elle lui fait pourtant une séduisante description des jouissances que les riches peuvent se procurer, mais qui les font tomber fatalement au pouvoir de Pauvreté, laquelle à son tour les conduit chez Faim.

Faim demoure en un champ perreus[9],
Ou ne croist blez, buissons ne broce[10] ;
Cil chans est en la fin d’Escoce…

  1. Celui-ci.
  2. Habitations.
  3. En ce qui concerne.
  4. Il fallut de nouveau.
  5. Donner.
  6. Tribus.
  7. Revenus.
  8. Possessions.
  9. Pierreux.
  10. Broussailles.