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et qui jouit d’une vogue extraordinaire : « Si quelqu’un les eût voulu blâmer (les livres d’Amadis), dit La Noue, on lui eût craché au visage. » C’est par l’intermédiaire de l’Amadis que nos romans du XVIIe siècle se rattachent à ceux du moyen âge. Sous la double influence du changement des mœurs, et des moqueries de Cervantes, les chevaliers deviennent d’abord des bergers de convention, puis de simples « honnêtes gens ». Mais, à travers les variétés du « costume », du XIIe siècle au XVIIe persiste le goût délicat de l’analyse du cœur humain. Il y a plus d’un trait de ressemblance entre Chrétien de Troyes et Mlle de Scudéry ; l’analyse est devenue plus profonde, les différents aspects de la passion se sont précisés, les caractères ont pris du relief en se diversifiant. Mais ce qui fait toujours la préoccupation de l’auteur et l’intérêt du lecteur, c’est la peinture minutieuse du sentiment, c’est la recherche de la distinction la plus raffinée dans la conduite et dans l’expression de l’amour.


BIBLIOGRAPHIE[1]


Sur Tristan : Bossert, Thèse française, Paris, 1865. — F. Vetter, la Légende de Tristan, d’après le poème de Thomas et les versions principales qui s’y rattachent, Marburg, 1882, ouvrage utile pour la classification des poèmes relatifs à Tristan. Pour cette classification, nous renvoyons aussi à la série d’articles publiés dans la Romania, XV, 481-602, sous la direction de M. G. Paris, par les membres de sa conférence, et aux études de M. W. Golther, Die Sage von Tristan und Isolde, Studie über ihre Entstehung und Entwickelung im Mittelalter, Münich, 1887 ; — Zur Tristan Sage (Zeitschrift für romanische Philologie, XII, 348-364). — On lira avec plaisir l’essai littéraire sur Tristan et Yseult, publié par M. G. Paris dans la Revue de Paris du 15 avril 1894 (tirage à part en vente). — Cf. dans le Moyen âge, t. III, 1890, p. 8-13, un article de M. Wilmotte résumant les travaux récents sur Tristan.

Notre connaissance des poèmes français relatifs à Tristan repose particulièrement sur la publication qu’en a faite autrefois F. Michel, Londres, t. I et II, 1835, t. III, 1839. Une édition critique de ces poèmes reste encore à faire.

Sur les lais de Marie de France, cf. l’élégant article de M. J. Bédier, Rev. des Deux Mondes, oct. 1891. — La vieille éd. de Roquefort a été remplacée par celle qu’a donnée M. Karl Warncke dans la Bibliotheca normannica de M. Suchier, vol. III, avec des remarques de M. Reinhold Röhler, Halle, Niemeyer, 1883, in-8. Voir Histoire littéraire, XXX, 8.

Origine des romans de la Table ronde, cf. G. Paris, Romania, passim ;

  1. La bibliographie détaillée, préparée pour ce chapitre par M. Philipot et annoncée page 258, a dû être considérablement réduite sur les épreuves, faute de place ; elle sera publiée intégralement dans la Revue de philologie française.