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france(n)sem = franceis, françois (français). Les règles sont observées, l’étymologie est bonne, en ce qui concerne le français.

D’autre part, les formes que possèdent les autres langues romanes ramènent non moins normalement à pensum. On pourrait le démontrer en détail, comme pour le français. Je me borne à signaler que pesu a donné :

en italien peso, comme tesu    :    teso,    presu    :    preso,
en provençal pes, mesem    :    mes,
en espagnol peso tesu    :    teso,    presu    :    preso,
et en portugais
en catalan pes presu    :    pres,
en roumain pas mesa    :    masa.

Enfin le développement du sens est facile à suivre, étant donné l’emploi que les Latins faisaient déjà du mot de pensum, le sens de pendere, pensor, et le développement du verbe pensare (peser). L’étymologie poids = pensum est donc établie et certaine.

À vrai dire, c’est même présenter faussement les méthodes actuelles, et leur enlever quelque chose de leur valeur, que de parler d’étymologie française, ou italienne, ou espagnole. Il est vrai que dans bien des cas le point de départ ou la conclusion se rapporte plus spécialement à l’une de ces langues. Mais la recherche est toujours simultanée et comparative. Quand l’étymologiste français cherche à retrouver les étapes par lesquelles est passé un mot latin, il trouve dans le provençal, l’italien ou l’espagnol ce que l’histoire du français ne lui donne plus. Parti de pêche, et arrivé à pesche, il en resterait là. Le provençal lui fournit pessegue ; l’espagnol, prisco et persigo ; le roumain, persica ; l’italien, persica, qui lui indiquent, en l’en rapprochant de plus en plus, l’adjectif latin persicum. Et ce qui lui est un secours lui sert en même temps de contrôle, puisque pour rapporter pêche à persicum, il faut qu’il y puisse rapporter aussi persica, persigo, prisco, pessegue, et d’une manière générale toutes les formes connues des parlers romans, sans violer les règles phonétiques d’aucun d’eux. C’est dans ces conditions seulement que ses conclusions peuvent être admises. Il n’y a donc, pour parler juste, dans la plupart des cas, ni étymologie