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INTRODUCTION

ORIGINES DE LA LANGUE FRANÇAISE[1]




I. — Origine latine du français.


Les premières hypothèses. — C’est au commencement du xvie siècle que le problème de l’origine de notre langue fut pour la première fois posé et sérieusement débattu. À cette époque, plus heureuse pour son avenir qu’aucune de celles qui avaient précédé, notre « vulgaire » sortait avec éclat de la condition inférieure où il avait été laissé : les rois l’imposaient à leurs cours et tribunaux comme langue officielle, à l’exclusion de toute autre ; des poètes, les plus grands qui eussent encore paru, rêvaient de l’illustrer à l’égal des langues classiques, et de ressusciter en lui et par lui les grands genres littéraires ; des savants, des théologiens même, lui ouvraient des matières nouvelles, des discussions si hautes, que seul le latin avait semblé jusque-là pouvoir en exprimer la finesse et en porter la gravité, un professeur royal donnait l’exemple de le « mettre par règles », il devenait inévitable qu’on voulût savoir quelque chose du passé de ce nouveau parvenu.

Malheureusement, pendant que la curiosité, alors si générale et si sincère, poussait à chercher l’histoire véritable de notre idiome, les préjugés du temps, beaucoup plus puissants encore,

  1. Par M. Ferdinand Brunot, maître de conférences à la Faculté des Lettres de Paris.