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L’ÉPOPÉE ANTIQUE

ses préparatifs de départ[1]. Clytemnestre (Climestra) et son amant Égisthe tuent Agamemnon ; mais Talthybius sauve et confie à Idoménée le jeune Oreste, qui, armé chevalier à quinze ans, s’empare de Mycènes, arrache lui-même les mamelles à sa mère et fait jeter son cadavre aux chiens, puis surprend Égisthe dans une embuscade et le fait pendre. Accusé pour ce parricide par Ménélas, il est absous à Athènes par les principaux chefs, et ramené à Mycènes par le duc d’Athènes, Menestheüs, qui avait offert le combat judiciaire à ses accusateurs. Oreste se réconcilie ensuite avec son oncle, dont il épouse la fille Hermione.

Ulysse, qui vient de perdre sa flotte et d’échapper aux embûches de Nauplius et des gens d’Ajax, fils de Télamon, arrive en Crète sur deux vaisseaux de louage et raconte à Idoménée ses aventures : en Sicile, où il a été dépouillé et emprisonné, puis a vu périr un grand nombre de ses compagnons sous les coups d’Antiphat (= Antiphates) et de Polyphème, fils des rois Lestrigonain et Ciclopain[2], frères germains, pour avoir enlevé et livré à un de ses chevaliers, Alphenor (= Elpenor), qui l’aimait, Arène, fille de Lestrigonain ; auprès de Circès (= Circé), qu’il laissa grosse, puis auprès de Calipsa (= Calypso). Il lui dit comment il apprit d’un oracle ce que devenaient les âmes après la mort, comment il échappa aux Sirènes et fut ensuite dépouillé par des pirates phéniciens. Idoménée lui donne deux vaisseaux et l’envoie à Alcinoüs (Alcenon), qui lui apprend que trente prétendants à la main de Pénélope dévorent son patrimoine. Ulysse vient avec lui à Ithaque, tue les prétendants, et son fils Télémaque obtient la main de Nausicaa (Nausica), fille d’Alcinoüs, dont il a bientôt un fils, Ptoliporthus (Poliporbus).

Pyrrhus, avant appris à Molosse, où il faisait radouber ses vaisseaux, qu’Acaste avait chassé Pélée, arrive secrètement en Thessalie, tue à la chasse, par un stratagème, ses fils Plisthène et Ménalippe, et pardonne, à la prière de Thétis[3], à l’usurpateur,

  1. Cette erreur bizarre provient peut-être de ce que le manuscrit de Dictys que suivait Benoit (voir § 3), portait Ænean ou Enean au lieu de Œneum (l’aïeul de Diomède) ; mais les mots in Ætolia, qui précèdent, auraient dû éveiller son attention.
  2. Déjà Dictys avait dit (vi, 5) : per Cyclopa et Læstrigona fratres multa indigna expertus. Polyphème a été ainsi dédoublé et le roi des Lestrygons est devenu un roi nommé Lestrygon.
  3. Un ami de Pélée, Assandrus, raconte aux espions de Pyrrhus les noces de