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souvent pour ne pas donner aux esprits malins occasion de dire que je m’emporte.

Je vous dirai d’ailleurs, avec feu notre ami Guibert :


Huit jours font dans un corps d’étranges changements !


Ma tête pèse cent livres aujourd’hui ; ce n’est plus cette imagination vive et brillante qui s’enflammoit à vos côtés ; ces piquans jeux d’esprit qui faisoient les délices de notre société, s’émoussent contre la poitrine cuirassée du gigantesque Isnard. Enfin je vous l’avoue avec peine, je suis condamné au génie. Cette tête, jadis pleine de jolis vers, de mots charmants, de chansons aimables, porte aujourd’hui quatre millions d’hommes armés, des mortiers, des forteresses, et surtout beaucoup de poudre à canon.

Si j’éprouve quelque soulagement dans mes immenses travaux, c’est lorsque je puis