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sans contredit, celui dont la piqûre détermine dans l’espèce humaine les symptômes les plus graves, les plus effrayants, le plus souvent mortels, quoique pour empêcher l’effet délétère de ses piqûres, il suffise, à l’exemple des charlatans de l’Europe, de boucher avec une cire molle le trou de chacun de ses crochets à venin, sans que même il soit besoin d’imiter les Psylles de l’Inde et les jongleurs de l’Égypte, qui arrachent complètement ceux-ci.

De tous les animaux domestiques qui se trouvent au service de l’homme, le chien, cet ami si fidèle et si utile, est celui qui est le plus exposé à la morsure de la vipère ; c’est aussi pour lui qu’elle est le plus redoutable. C’est pendant qu’il travaille pour son maître à la recherche du gibier dans les bois et dans les taillis, qu’il est ordinairement atteint par ces animaux venimeux. Le cheval, l’âne, le mulet et le bœuf, sont susceptibles d’être piqués alors qu’ils pacagent dans les prairies, sur les lisières des bois et dans les forêts ; c’est aussi dans ces conditions que le mouton se trouve exposé à être atteint par ces espèces d’ophidiens. Les expériences fort intéressantes de Paulet démontrent que la piqûre de la vipère n’est nullement dangereuse pour les solipèdes et les ruminants, le mouton excepté. M. Chanel rapporte cependant un fait qui se trouve être en contradiction avec ce qu’a dit Paulet ; il cite un cas d’une jument poulinière qui succomba d’une morsure de vipère à la mamelle ; M. Cruzel, de Grenande[1] dit qu’il a vu plusieurs bœufs piqués aux lèvres par la vipère, mais que jamais il n’en a vu mourir des suites de cette piqûre. Voici comment s’exprime ce praticien distingué : « D’ailleurs une circonstance particulière préserve souvent les bœufs de l’absorption du venin de

  1. Pathologie bovine, art. Cheilite.