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plus égal à sa longueur, la queue constamment appuyée sur le sol, elle se trouve ainsi toujours prête à reprendre sa position première, c’est-à-dire à s’enrouler de nouveau pour s’élancer une deuxième fois quand elle a manqué son coup, ou qu’elle veut en frapper un second. Cette position particulière n’est pas indispensable au serpent pour qu’il puisse frapper son adversaire, ce n’est que quand il veut s’élancer à une certaine hauteur qu’il doit se plier en cercle. Pour opérer sa morsure, la vipère ouvre largement la gueule, redresse ses crocs, les place dans la direction qu’elle veut atteindre et les enfonce par le mouvement de la tête, qui lui sert comme d’un marteau, et les retire immédiatement. La mâchoire inférieure, qu’elle rapproche en même temps, lui sert de point d’appui pour favoriser l’introduction des crochets. Quand elle a manqué son coup, ou qu’elle est violemment irritée, elle renouvelle ses morsures.

Les vipères ont la vie très dure, on cite l’histoire d’un de ces animaux qui, après avoir subi des tortures, fut posé et arrangé sur du plâtre pour en obtenir un moule et qui le lendemain, lorsque l’artiste enleva la calotte qui le recouvrait, s’échappa plein de vie et en cherchant à mordre la main qui le délivrait. On a vu des vipères survivre à la submersion pendant plusieurs heures dans l’huile, même dans l’eau-de-vie. Des têtes cherchaient à mordre, après qu’on les avait séparées du tronc pour en obtenir des bouillons médicinaux. Dans beaucoup d’officines de pharmacien, on la conserve dans des tonneaux pendant plusieurs années sans lui donner à manger.