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tend du bruit ; cependant, comme elle est lente dans ses mouvements et qu’elle dort au soleil dans les sentiers des bois, on risque souvent de marcher dessus quand on n’y fait pas attention. Il y a des cas pourtant où, confiante dans sa force, c’est-à-dire dans le poison qu’elle distille, elle n’hésite pas à se jeter sur les animaux et même sur l’homme qui la dérangent.

Elle habite toute l’Europe tempérée et méridionale, on la trouve aux environs de Paris, de Rouen, de Lyon, de Grenoble, de Poitiers, d’Angers, de Montpellier, de Toulouse, de Bordeaux et dans toute la France ; dans les îles Britanniques, en Allemagne, en Suède, en Pologne, en Prusse, en Italie et jusqu’en Sibérie et en Norvège.

Pendant l’hiver, les vipères sont réunies en certain nombre dans des trous, sous des tas de pierres, dans des fentes de rochers, sous des souches et dans du bois mort et des fagots, où réunies et entrelacées en nombre quelquefois considérable, elles s’endorment d’un sommeil léthargique pendant les quatre mois de la rigoureuse saison.

Cependant, si le thermomètre remonte à une température moyenne de quinze degrés, elles se raniment et sortent quelquefois de leurs retraites en plein mois de décembre. Ainsi donc il ne serait pas étonnant qu’on trouvât la vipère dans quelques granges si mal entretenues de nos campagnes, où l’on va même jusqu’à rassembler du bois. Abritée ainsi, elle peut, quand la température n’est pas très basse, exercer son venin sur nos animaux domestiques. L’aventure curieuse qui arriva à un fermier de Sologne le jour de ses noces, vient à l’appui de ce que nous avançons : Quarante personnes étaient réunies autour de la grande table de la cuisine pour célébrer ce grand jour par un de ces repas homériques à la mode du pays ; dehors il gelait à pierre fendre et