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mitif, mais il donne, momentanément du moins, d’excellents résultats.

Et l’on conçoit aisément, quand on connaît les dangereuses descentes des Alpes qu’on ne saurait les aborder sans pneumatiques collés. Au premier virage, si l’on ne prenait cette précaution, la chute serait inévitable…


La roue libre

Beaucoup de personnes m’ont demandé si j’avais employé la roue libre au cours de mon dernier Tour de France, je profite de la circonstance pour leur faire savoir que je ne m’en suis pas servi.

Je fais les descentes, si longues soient-elles, les pieds posés sur le tube inférieur du cadre. C’est aussi commode, et, d’ailleurs, je m’étais bien promis, cette année, de ne faire aucune imprudence, pas plus dans la descente de Giromagny, après le Ballon d’Alsace, que dans l’interminable descente du Sappey sur Grenoble.

La roue libre a des avantages, c’est incontestable, surtout si l’on veut aller excessivement vite en descente, mais, je vous le répète, je ne l’ai pas utilisée cette fois-ci, car, contrairement à certains de mes camarades qui furent victimes de chutes assez graves, je n’ai jamais oublié, en cours de route, que le Tour de France 1908 se courait sur machines poinçonnées.

J’ai fait par contre très attention à ma chaîne que j’ai vérifiée et réglée à chaque étape. Une chaîne qui saute en descente c’est souventes fois la catastrophe ; la chute d’abord, la perte de la machine ensuite. Rappelez-vous les accidents dont furent victimes François Faber et Ringeval, l’an dernier, dans l’étape Brest-Caen, et vous verrez ce qui peut arriver avec une chaîne insuffisamment tendue. L’accident ne s’est jamais produit pour moi. J’avais pris mes précautions. Tout cycliste soucieux de sa machine… et de sa peau, réglera soigneusement sa chaîne avant que d’entreprendre une randonnée quelconque.