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nettoyer. Jamais, sauf à mon jeune frère. Anselme, je n’ai confié ce soin à personne. Mon vélo était dans ma chambre, toujours sous clé et aucun soigneur n’en approchait.


Ma réputation de mécanicien.

On m’a fait une réputation de mécanicien hors ligne ; hors ligne est certainement très exagéré.

La vérité est que je m’y connais assez bien en matière de bicyclette pour en avoir possédé des quantités invraisemblables.

Je ne nie pas que je sois doué pour les réparations. Ainsi il est certain que je peux rapidement, très rapidement même, monter une roue. J’ai eu assez de rayons cassés sous moi durant ma carrière. Mais nombreux sont les routiers qui sont susceptibles de faire aussi bien que moi ; et nombreux aussi ceux qui pourraient faire aussi bien, s’ils avaient le calme nécessaire qu’il faut avoir pour procéder à une réparation lorsque les circonstances l’exigent.

Je reconnais que je suis d’un tempérament nerveux et qu’une fois à machine, j’éprouve souventes fois le besoin de pousser quelques pointes, mais, lorsqu’un accident m’arrête, je vous garantis bien que je suis aussi parfaitement calme que si je ne courais pas.

Que quelques rayons me manquent, qu’un de mes pneus soit crevé, que ma chaîne ait sauté, c’est le même prix : froidement je mets pied à terre et procède à la réparation. Et j’ai vite fait, parce que j’ai eu le soin, à l’étape, de vérifier ma trousse et d’emporter tout ce qui m’est indispensable. Je ne cherche jamais une clé anglaise, ni quoi que ce soit, j’ai tout ce qu’il me faut sur moi. Cette année, dans le Tour de France, j’avais inauguré le système de la cartouchière portative ; j’ai dans l’idée que ce système obtiendra quelque succès.