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L’ENTRAINEMENT

Comment je m’entraîne.

J’ai expliqué tout à l’heure le régime auquel je me soumettais en temps ordinaire, et l’on a pu remarquer qu’il était déjà très rigoureux ; en temps de course, ou plutôt en temps de préparation, il est plus rigoureux encore, car, alors, je m’abstiens de toute sortie qui pourrait me faire rentrer tard à la maison.

Je me lève vers six heures du matin et procède à une toilette assez prolongée.

Ensuite je déjeune légèrement d’une petite tasse de chocolat. Puis je règle mon vélo, ce que je tiens à faire moi même, et je pars, enfin, vers les sept heures et demie, pour accomplir ma besogne quotidienne.

Les premiers temps, j’accomplis une cinquantaine de kilomètres à toute allure, accélérant progressivement. Lorsque je me sens bien, j’augmente la distance. Je fais soixante kilomètres, puis soixante-dix, puis quatre-vingts kilomètres. Il est bien rare que je dépasse cette distance ; cependant, de temps à autre, je m’offre le luxe d’une promenade prolongée de cent vingt à cent cinquante kilomètres, voire même deux cents. Mais alors je ne pousse jamais à fond, et je rentre à la maison, sans ressentir la moindre fatigue ni la moindre courbature.

Le travail sur route est beaucoup moins compliqué que le travail sur piste. Il s’agit, avant toute autre chose, d’acquérir l’assiette qui permet les grandes randonnées.

Quand on fait facilement ses cent kilomètres en trois heures un quart, trois heures et demie on peut aisément aller jusqu’à deux cents et même trois cents kilomètres, à la condition expresse que l’assiette se prête à ce genre d’exercice, qui n’a rien de très agréable au fond. Le tout est affaire d’habitude,