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est–il que je fis quelques bonnes courses en compagnie de Dortignacq et même du grand leader Louis Trousselier, et que je réussis à terminer en très bon rang à Rennes, à Caen et à Paris, point terminus des trois dernières étapes.

De ce moment-là, je résolus de faire le moins de piste possible, surtout que le Bol d’Or, gagné par Vanderstuyft, m’avait profondément désillusionné.

Et je m’en allai passer quelques semaines en mon pays natal, à Plessé et aussi à Avessac où j’ai un parent, afin de me changer les idées.

Sur la route, je me préparai aux Six Jours de New–York dans lesquels, en compagnie de Gougoltz, je fis une course superbe.

Revenu en France, je ne perdis pas de temps à Paris. Je repartis chez moi.

Je m’entraînai sérieusement en vue de la saison 1906. En février j’étais prêt. Dans Paris–Roubaix je ne fis rien de bon. Dans Bordeaux-Paris rien de fameux encore, j’étais surentraîné. Il me fallut le Tour de France pour commencer enfin à faire parler de moi.

Parti dans la catégorie des machines poinçonnées, je n’avais aucun espoir de décrocher la première place du classement général. Aussi je fis une course pour ainsi dire tout seul, sans m’occuper d’aucun de mes concurrents. Et c’est ainsi que je terminai premier des poinçonnés, relativement près de mes adversaires que j’avais maintes fois menacés.

Vous connaissez la suite et il ne m’appartient pas d’épiloguer. Vous savez mon succès de 1907 et celui plus récent de 1908. Je n’insiste pas. Mais j’en suis personnellement très heureux, parce que ces succès ne sont pas dus au hasard, ils sont dus à un ensemble de circonstances résultat d’un entraînement judicieux et complet, entraînement que je vais m’efforcer de communiquer aux sportsmen qui auront bien voulu supposer Petit-Breton capable non seulement de tourner les jambes mais encore d’expliquer les « mystères » de sa bonne condition.