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nières fleurs épanouies. Cependant, parmi l’épaisseur des massifs, des branches tout à fait dépouillées se dressaient, avec une mélancolie de mort ; des feuilles décolorées couvraient les pelouses, inégalement entassées par le vent.

Elle marchait, absorbée dans ses pensées, ses cils baissés atténuant l’éclat de ses yeux étranges, très expressifs, par le contraste des pupilles sombres avec l’iris excessivement clair. De stature élevée, un peu forte, elle était surtout belle d’harmonie de traits et de proportions, de vitalité jeune, saine et chaste. Son deuil sévère blondissait ses cheveux châtains, dont les mèches dorées, légèrement frisantes, encadraient un visage délicatement arrondi, plus jeune que ses vingt-quatre ans,

Arrivée près d’un immense sapin dont les branches trainantes se courbaient en voûte sombre au-dessus d’un banc, elle s’assit, disparaissant soudain dans l’ombre.

Au delà de la prairie descendant rapidement, la nappe incolore de l’étang s’immobilisait, sans une ride, terminée par la masse opaque du bois, d’un noir d’infini ; rien ne bougeait, aucun bruit ne troublait la tristesse enveloppante de ce crépuscule automnal.

Une prédilection inconsciente avait amené la