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plus emporté par la passion et plus épouvante de cette horrible idée de l’inceste. L’homme est plus froid et résiste mieux ; mais quand une fois il a cédé, c’est lui qui envisage la situation avec un esprit plus philosophique ; qui discute le préjugé, qui cherche à montrer l’inanité.

Et il faut bien avouer que dans la position que vous leur avez faite, un mariage entre eux deux ne serait pas plus abominable qu’entre un cousin par exemple et une cousine. Si la société a établi entre un frère et une sœur l’infranchissable barrière d’un si puissant préjugé, c’est que le jour où un frère pourrait lever sur sa sœur un regard chargé de désir et d’espoir, il n’y aurait plus de famille possible, et toute notre société repose sur la famille organisée telle qu’elle est.

Mais, à se placer à un point de vue purement philosophique, on n’aperçoit pas trop quelle règle d’éternelle morale violent deux êtres qui sont jeunes, indépendants, que le hasard et les circonstances ont réunis sous le même toit, qui s’aiment et se le disent et se le prouvent. La convention sociale se dressera contre eux, irritée, implacable ; mais s’ils s’en moquent !… s’ils sont décidés à vivre l’un pour l’autre !.…

Et cependant, telle est la force du préjugé social, que vous avez bien senti vous-même que vous ne pouviez pousser cette situation jusqu’au bout,