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que son frère pour qui elle s’est prise d’une ardente affection, qui était toute naturelle entre frère et sœur. Ce frère Robert a fait son chemin, il a épousé une jeune fille qu’il a beaucoup aimée et qui n’a pas tardé à mourir. Helène a conçu de ce mariage un vif chagrin, mêlé d’un dépit qu’elle ne s’explique ras. Elle a, sans trop savoir ce qu’elle faisait, accordé sa main à un vieillard, qui avait été son tuteur. Il l’a laissée veuve.

Les voila tous deux libres, riches, unis par une communauté d’intérêts, puisque leurs biens sont restés indivis, heureux de se retrouver ; elle, plus passionnée mais ne s’étant pas encore interrogée à fond sur la nature de sa tendresse ; lui, trouvant que sa sœur est charmante de visage, et supérieure aussi par les qualités de l’esprit, mais a cent lieues encore de soupçonner les sentiments qu’éveillera chez lui le commerce de tous les jours entre deux êtres que séparent la loi, la religion, et par-dessus tout le préjugé mondain.

Vous les amenez lentement l’un à l’autre, leur faisant peu à peu voir clair dans leur cœur, aplanissant ou tournant les obstacles qui se dressent entre eux. C’est à mon avis la meilleure et la plus attachante partie de votre ouvrage. Elle est d’une psychologie attentive, subtile, mais juste. Vous ayez voulu — et je crois qu’en cela vous êtes dans le vrai — que le frère fût à la fois