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Pendant le voyage que je m’efforçai de lui rendre le plus doux possible, elle fut d’une sagesse exemplaire ; pourtant, je la voyais terriblement étrangère, hostile, fermée à mon égard. Je souffrais pour elle du monde de pensées d’effroi et de rancune qui s’agitait en ce petit cerveau d’enfant, très développé, mais qui pourtant ne pouvait apprécier les raisons majeures qui avaient poussé ses parents à se séparer d’elle, à la mettre aux mains d’une inconnue pour elle.

Huit jours durant, malgré toutes mes tentatives pour l’apprivoiser, elle demeura la même, petite poupée raidie, cachant son émotion sous un dédain et une froideur factices. Je pus constater aussi combien son corps était frêle et sa santé précaire. Tout cela m’attachait d’autant plus à elle. J’avais tant de devoirs, tant de responsabilités à l’égard de cette enfant… J’avais tant d’obstacles à vaincre !…

Enfin, la glace fondit soudain entre nous.