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dans la vie courante. Je n’ai jamais aimé l’auteur qui « se raconte », qui jette au vent ses aspirations, ses projets, révèle ses luttes, fait assister à la gestation de son œuvre ; cela me semble une impudeur, un cynisme. Lorsque j’étais auprès de Lucien et qu’il me parlait abondamment de choses très vulgaires, très banales, je m’y intéressais vaguement, mais je lisais entre les lignes et je parvenais à retrouver le caractère véritablement remarquable qu’il était.

Néanmoins, je compris parfaitement la désillusion et la rancune d’Adrienne. Elle avait pensé être sinon l’Égérie, au moins la Nicole du grand homme ; et voici qu’on la tenait rigoureusement à la porte du paradis rêvé.

Elle ne pouvait se dédommager en aucune façon de cette déception ; Lucien n’était pas mondain et il avait horreur des artistes et des gens de lettres. Obligé de fréquenter les uns et les autres, il n’admettait pas que sa