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que je suis persuadée qu’une vie de femme où s’équilibrent à peu près les joies et les peines est préférable aux regrets exaspérés de la vieille fille qui n’est pas douée pour le célibat.

Pour être complètement heureuse dans le mariage qu’elle fit, il ne manquait à Alice qu’un peu de cet égoïsme mesuré et discret sans lequel nulle créature ne touche au plus près de cette perfection dans le bonheur où l’on s’efforce de parvenir, le plus souvent vainement.

Dès qu’elle éprouvait une joie, au lieu de la savourer, elle épiait son partenaire, s’efforçait de comparer leurs mutuelles sensations, pesait sans cesse le sentiment d’affection très solide, très réel qu’elle inspirait à son mari et, par malheur, mettait trop souvent dans le plateau opposé de la balance sa propre passion, que le temps et le mariage n’avaient fait qu’accroître. Alors, l’inégalité tangible de leur tendresse lui cau-