Page:Pert - La Petite Cady.djvu/97

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Il est impossible de vous peindre aujourd’hui !

L’œil de Cady quitta des lointains mystérieux pour venir se poser, moqueur, sur le jeune homme.

— Parce que ?

— Vous avez à présent une expression comme jamais je n’en ai encore vu sur votre insupportable physionomie mobile !… Tout est à reprendre !… Et je ne veux fichtre pas recommencer ce travail !… J’aime mieux attendre votre figure de tous les jours… Elle est déjà bien assez compliquée !.…

Elle répondit promptement, avec son rire aigu :

— Eh bien ! aujourd’hui, peignez-moi de dos !…

Il la regarda intensément, puis, déposant sa palette, il prit une cigarette dans un étui, l’alluma, et se mit à marcher en silence.

Cady, allongeant simplement ses jambes, n’avait pas autrement bougé. Ses regards suivaient le peintre, hardis et curieux. Elle avait recouvré toute son assurance et éprouvait la sensation de satisfaction la plus générale, la plus profonde qu’elle eût jamais ressentie.

Il s’arrêta tout à coup devant elle.

— C’est incroyable comme nous nous comprenons ! Décidément, vous êtes une petite créature bien spéciale, Cady !… Et nombre de femmes vous envieraient votre intuition, votre sens inné de la psychologie la plus subtile.

Elle l’enveloppa d’un long regard caressant.

— Tout ça, c’est des mots, déclara-t-elle d’une voix câline, Je te connais très bien, voilà tout !…

À ce tutoiement qu’elle reprenait parce qu’inconsciemment il lui paraissait à sa place désormais entre eux, le jeune homme eut un imperceptible tressaillement. Il recula et dit avec une indifférence affectée :

— Oui, tu devines parfaitement que l’idée de toi… de ce que devaient être tes formes, encore indécises a traversé mon esprit, quand j’ai tracé ce cro-