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Laumière cessa de rire.

C’est parfaitement exact. Et, maintenant mademoiselle Darquet, ajouta-t-il avec un salut ironiquement respectueux, voudriez-vous être assez bonne pour prendre la pose ?…

Elle ne bougea pas, étudiant toujours la scène de danse.

— Pourquoi la danseuse n’est-elle pas finie ?

— Parce que le tableau n’est pas terminé.

— Si, il est terminé partout, excepté à l’endroit le plus important. Pourquoi ?…

Renversé sur son siège, le peintre, considérant la fillette qui lui tournait le dos, son fin profil effleuré par la lumière, eut un sourire singulier.

— Ah ! voilà !…

Elle vira sur elle-même avec une vivacité inattendue, comme si elle eût deviné le regard et le sourire attachés sur elle.

— Voilà, quoi ?

Leurs yeux se rencontrèrent. Jacques prononça :

— Eh bien ! cette danseuse, qui n’est pas terminée, ne le sera pas, tant que je n’aurai pas trouvé le modèle qui m’est nécessaire.

— Très sérieuse, Cady l’étudiait.

— Ah ?… Vous n’avez pas de modèle pour elle ?…

— Non… Il me faut un corps très jeune, très souple, très mince… et en même temps intéressant… Vous comprenez ?… Toute l’attention se porte sur ce personnage, ainsi que la lumière… Un effet de contre- jour sur lequel je compte beaucoup… Alors, je ne veux pas d’une silhouette banale… et j’attends…

— Qu’attendez-vous ?

Il l’enveloppa d’un coup d’œil insistant.

— L’occasion.

Elle ne répliqua point et vint silencieusement s’asseoir à sa place habituelle, où elle s’immobilisa.

Au bout de quelques minutes, Laumière fit un geste d’impatience.